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Serfs de l'Occulte

« Nous sommes le paradoxe des évidences, puisque l’oubli nous a condamné, l’oxymore car même occis nous ne mourrons plus. »

Fondation et clôture :

Type d'Organisation :

1242 - ...

Secte

Le commencement

C'était une époque lointaine, où Serf ne revêtissait aucun de ses couvre-chefs. Son expression demeurait indéchiffrable depuis que le paon s'était invité dans la bicoque qui lui servait de demeure. Le regard aguisé et azur de la Concilière assise face à lui ne le lâchait plus.

 

"J'ai besoin de votre aide."

 

L'on reconnaissait qu'à titre exceptionnel les inflexions respectueuses de son ton.

 

« Une créature vous la donne déjà. » Couvert d’une grande cape, Serf ne fit aucun mouvement mais déjà les comptes-rendus de ses recherches fusèrent jusqu’à elle. « Les Sang-Sauvages sont plus nombreux qu’avant.

 C’est de votre présence, que je fais demande.

 Une créature se voit dans l’obligation de refuser, la lignée n’avait pas exigé cela.

 Vous ne comprenez pas créature. »

 

Quetza s’était redressée et de ses mains empruntées à un hôte, éprouva les reliefs mouvants de son masque, révélant une anxiété dont cette bicoque était forteresse depuis des années. Un instant qu’elle dérobait à l’infini pour réveiller l’humaine et le Faederath sous le masque. Elle n’éprouvait plus le besoin de s’expliquer depuis des siècles et la Créature face à elle ne l’exigeait jamais. Ne présentant sous sa mine inexpressive aucun besoin, celle qui jadis avait été humaine, ne pouvait le manipuler pour obtenir ce qu’elle désirait de lui. Alors, ici, où l’on n’attendait rien d’elle, la sincérité transmuta sa voix et son langage, les accents oubliés et touchés s’entremêlèrent en un monologue.

 

« Depuis toujours, certains naissent capables de magie et d’autres pas. Des premiers naissent les fils de mages ou de Sang-Morts, dans les seconds : il en va de même. Depuis l’aube des temps, avant que les parents des montagnes ne rencontrent les sœurs des cieux, depuis Ténèbres et Lumière qui firent naître les Premiers Hommes et Premiers Elfes : elle est ou n’est pas. L’Ordre naturel des choses requiert des Sang-Sauvages et des Sang-Morts, c’est un équilibre ainsi fait que ce avec quoi nous naissons nécessite travail et devoir pour l’affiner, comme les balbutiements du langage. C’est ainsi que leur valeur s’inscrit. Le monde requiert un partage, un équilibre et lorsqu’il se perd, c’est systématiquement notre faute. Et nous avons fauté, il y a bien trop longtemps, sans jamais tâcher de réparer ce que nous avons fait.

 

» J’ai essayé en vain depuis tout ce temps de le faire, mais il m’échappe, je ne suis que souvenirs car je participai à les arracher et à les maudire. L’acte m’est étranger pour rétablir la vérité, rétablir nos fautes : je chemine au travers de celles-ci. J’ai pris la décision d’autrui, je ne peux plus la prendre de moi-même car cela serait que fauter encore. C’est une toile dans laquelle nous nous sommes enroulés et que nous ne parviendrons plus, malgré tous nos désirs, dénouer sans l’aide d’autrui.

 

» La faute doit être ainsi réparée de manière à ce que la décision provienne d’autres que nous, d’autres que nous ne pouvons manipuler à induire dans notre direction dans une certaine mesure seulement. La chose à faire, avec tous les risques induits, serait de libérer ce qui n’a plus de voix au chapitre, bien moins que ceux de ce monde, mais cela ne vient que de ma vision, de mon monde, des souvenirs dont je ne suis que la somme, destinée à disparaître lorsque d’autres prendront les décisions qui auraient dû s’imposer une éternité de cela. »

 

Sa diatribe finit, elle se retrouvait non loin du feu, le masque ondulant des paroles déversées de leurs lèvres unies, par les cordes de leur hôte. Les tremblements s’étaient emparés du serpent qui n’en fut jamais un, et la peau de l’hôte se craquelait par la vérité qui se déversait de ses lèvres. Lentement, Quetza soigna la peau qui s’étiolait sur les os, une réalité face à ce que représentait l’un des Conciliers en déversant son pouvoir et en épuisant l’hôte qui ferma son esprit à ce qu’il n’était pas prêt à entendre.

 

« Créature. J’ai besoin de votre aide. Besoin de vos actes, plutôt que de vos informations. S’ils se démultiplient, c’est trop tôt et s’ils ne le faisaient pas, il serait trop tard. Je ne saurais expliquer la conception même du temps, née pour me duper, mais je crois qu’elle vient. Elle. Parmi tous ceux qui pouvaient exister ici ou ailleurs, de la Sœur à la Tisseuse qui existent déjà, c’était évidemment à elle qu’il incombait de revenir. Traitez-moi de sotte, Créature, mais je ne pouvais l’imaginer revenir quand ils, puis, nous avions détruit tout ce pour quoi elle avait œuvré. Mais elle ne serait pas la même et où qu’elle vive et réside, entreprendrait la vie dans ce monde tombant en ruines : détestable. »

 

A nouveau, le serpent ondula, jusqu’à représenter la couronne du paon, porteur de la corne du Faederath, arrachée par les exactions de ce dont elle faisait partie, mais Créature ne le releva pas, même, il s’en détourna.

 

« Vous devez les épauler, les suivre et continuer vos recherches. Vous devez les réunir autour de vous, pour leur permettre d’exprimer le Sang-Sauvage en eux, car ils sont vos égaux. Ils sont les représentations même de ce que la magie tente de divulguer, de ce que celle que l’on ne peut nommer tente de faire apparaître à la vue et au su de tous. Ils en subissent les conséquences, et ont besoin de quelqu’un pour les guider au travers de cela.

 Créature n’est pas guide ; Vanilius l’est.

 Ne vous moquez pas de nous. »

 

La créature se tourna dans sa direction et aux yeux d’Hyra apparut une figure entièrement différente de celle qui émergea à ceux d’Espoir, pour autant les deux avaient la même apparence : celle de quelqu’un prêt à céder. D’un ton plus doux, plus apaisé, Quetza murmura.

 

« Je ne peux réussir seule, je vous en conjure. Donnez-leur la possibilité de prendre la décision que je leur ai arrachée par crainte de ce qu’ils pourraient leur et nous faire. Nous… Ou ils avaient tant subi déjà des exactions du Lignage corrompu par pire que la magie noire. »

 

Lorsque Créature finit par accepter, il ou elle se fit nommer Serf.


Le Renouveau

Assise sur l’édredon de son lit, Hyvaline observait les lieux et la chambre de l’école qu’elle avait habité pendant cinq ans. Les promesses de rendre visite à ses amis scellées par une étreinte pour adieux, et la grande malle fermée regorgeait de lettres, de livres et de vêtements. Elle baissa la tête sur le mot, entre ses doigts, repoussant la sensation d’être perdue au milieu d’un monde trop grand pour elle, c’était un Drane et la plupart des élèves dormait. On la laissait rester un peu, parce qu’il leur semblait que l’orpheline en avait besoin. Du revers de la main, elle essuya une larme qui menaçait de perler au coin de ses yeux. De l’héritage laissé, rien ne portait le timbre de la voix de son père et l’armure qui l’avait vu mourir avait été si bien nettoyée qu’il ne restait rien de son odeur.


Elle incanta, la voix tremblante, canalisant sa magie pour projeter son esprit. Le cercle de pouvoir s’illumina de lui-même, d’une impulsion de son esprit et son corps physique tomba sur le lit. La jeune diplômée détourna le regard de son visage cerné et de sa mine pâle pour s’avancer au travers de l’école, prête à rejoindre la professeure d’invocation dans la pièce.


La toile tissée est ainsi faite que le Globe de Sagesse fut enchanté par l’un des mages innés qui est à l’école. Il sera alors remis, par la providence et par la sauvagerie jusqu’à vous. Puisque les secrets dont je suis porteuse permettent à cette magie de ne pas vous déshumaniser.


La pièce était différente de son souvenir, sans la nausée du portail et l’angoisse qui l’avaient accompagnées à l’idée d’enfreindre le règlement de l’école de magie, le lieu semblait plus lumineux, baigné d’une odeur florale qu’elle identifiait, elle le savait, à tort comme de la lavande. Sous sa forme astrale, elle n’avait jamais été capable de percevoir les odeurs et le souvenir des jardinières de sa mère qui s’imposait à son esprit était la signature des énergies.


Elle reconnut sans mal la silhouette de la professeure qui lui tournait le dos, faisant face à la statue. Son bâton reposait entre ses doigts, une pièce qu’elle n’avait jamais vue, et la statue tenait sa main levée, la lune avant qu’Amarante et Davos ne la brise, en ses différents cycles sur sa tenue. Ses mèches ondulées cascadaient sur ses épaules, penchée avec un vase incliné.


« Ce sont les gens qui font de ce monde ce qu’il est. » Ennya demeurait immobile, sa voix résonnant sur les murs de la pièce octogonale. « C’est bien l’une des rares choses que ma famille comprend ; les concepts et théories ne demeurent que parce que des visages les représentent. »


Hyvaline s’avança, se rapprochant de l’invocatrice en sentant sa forme astrale hésiter, les lèvres pincées, elle peinait à la contrôler alors qu’elle se rapprochait des vapeurs qui s’écoulaient du vase de la silhouette.


« Elle a porté nombre de noms, et ce souvenir nous a été arraché. Longtemps, nous n’avons eu guère le choix de nos manières de faire, de notre approche pour les gens qui nous ressemblent. » L’invocatrice se tourna vers elle, finalement, son regard glissant le long de son visage et Hyvaline percevait quelque chose de différent chez elle. Ses pensées s’entremêlaient dans ce qui lui semblait être un chaos hurlant. « Je suis navrée pour votre père.

— Il est mort pour le Royaume, affirma d’un ton plat Hyvaline, d’un ton dénué de toute émotion pour dissimuler le maelstrom qui s’était emparé d’elle.

— Pourquoi êtes-vous venue ? »


Les lèvres de la forme astrale auraient pu trembler, si Hyvaline ne s’était pas mordu la joue, le sang ne coula pas, il ne coulait jamais sous cette forme. La réponse lui semblait si simple et si peu pertinente, elle aurait pu le rendre fier en rejoignant l’armée, mettre ses dons de psychiste au service de ceux qui défendaient la loi.


« Je veux aider. » La professeure se contentait de l’observer, ne recevant pas cet aveu. « Le… Le soldat qui est venu m’annoncer… » La forme astrale devint si transparente qu’il ne restait qu’un voile fin. « Est-ce vraiment important ?

— Essentiel, en vérité.

— Je n’en suis pas sûre moi-même.

— Le doute n’est jamais une mauvaise chose, il précède la remise en question. Dites-moi ce qu’il en est… Ou montrez-le-moi. »


Ennya tendit la main dans sa direction et le bout de ses doigts remua brièvement alors qu’Hyvaline s’approchait, sa main se glissa dans sa paume, menaçant de la traverser, mais la professeure lui semblait solide sur bien des plans.


Elle dévoila sans aucun mot, la peur de ce que la Concilière avait nommé Sauvagerie en elle, comme lors de la rencontre avec le soldat venu pour lui annoncer la mort de son père. La volonté de ne pas rester seule et perdue, la volonté de servir une cause et cet espoir qui ne pouvait tarir que la providence avait glissé sur sa route un globe de sagesse en sachant qu’un jour elle en aurait désespérément besoin.


***


L’incantation de la professeure résonna dans la pièce et la vapeur se tordit en des formes de créatures que l’esprit d’Hyvaline refusa d’assimiler et son corps physique finit par rejoindre sa forme astrale, téléporté par la professeure. Mal à l’aise, dans son étreinte, l’odeur de lavande persistait pour autant, entremêlée à une odeur plus musquée.


« Vous êtes la première. » Sa voix résonnait dans sa cage thoracique, contre l’oreille d’Hyvaline, et peu à peu, la tension quitta ses épaules au profit de l’attention. « La première que nous accueillerons selon nos conditions, notre vision, selon notre manière de faire. La première personne que nous recevons en notre sein qui vienne de son plein gré. »


Et peu à peu, Hyvaline sentit les embruns de magie altérer sa perception du monde, des éclats colorés apparaissant dans sa vision, tandis que le bâton de la professeure murmurait à son oreille.


« Peut-être les Conciliers nous ont réuni, à l’origine de tout, mais ce sont des desseins bien différents qui nous unirent véritablement. Nous sommes nés d’une volonté de libre-arbitre, de libre choix de penser et de décider ; nous sommes nés du pouvoir qui fit de nous des hommes et des femmes. Serf fut le premier d’entre nous, le premier être à porter ce nom, si bien qu’il en devint l’essence, à son étrange manière. » Un souffle amusé traversa les lèvres de la professeure. « Puis, vint Orn, dont le sommeil traduisit le premier souvenir de ce que deviendra la Cabale. Enfin, viendra Dimitri, l’une de nos victimes, qui rejoignit à sa manière Orn en d’autres lieux qui lui convenaient mieux. C’est là que j’intervins, décidée par une Concilière pour en affronter une seconde. Nous avions la volonté de Serf, les histoires d’Orn, la diplomatie que j’étais supposée incarner. »


Elle se recula et le froid qui envahit Hyvaline la fit frissonner.


« Vint ensuite l’avenir de Calliopée, la douceur de Frumance, Elvire et sa solitude, Varun et sa tolérance. Cyrha pour sa détermination, Serhan pour nous accrocher au monde réel, Billy Jean pour la liberté de renoncer… Beaucoup d’entre eux sont aujourd’hui partis, librement, mais peu ont eu l’occasion de vraiment savoir pourquoi nous étions. »


Ennya désigna d’un geste la statue.


« C’est son visage qui incarne les raisons de notre existence, à nous autres : Serfs de l’Occulte. Nous sommes à son service tant que sa voix continuera de lui être arrachée. Tant que l’on forcera son oubli, tant que les sortilèges omettront aux yeux de tous ce qu’était véritablement la magie.


» Je suis l’exception, mais nous sommes tous nés comme vous : des Sang-Sauvages, dont les parents n’avaient jamais manifesté une quelconque prédisposition à la magie, lorsque la magie s’exprime à travers nous, elle le fait libérée de toutes lois imposées, elle le fait en liberté, impossible à dompter et difficile à apprivoiser. Nous sommes habités par ses manifestations, sans que l’on puisse lui octroyer une conscience mais ni affirmer qu’elle n’en a pas.


» Nous existons ainsi, ni bénis, ni maudis, nous sommes. Comme certains naissent avec une voix aiguë ou grave. Il n’y a pas de destinée à naître Sang-Sauvage, ni de mal. C’est ainsi, et certains d’entre nous décideront de l’aider à se libérer, d’aider ceux qui nous ressemblent à survivre et à appréhender ce qu’ils sont. Ma famille en arpenta les routes, employa les rituels en conservant jalousement le secret de leur existence, voyant comme jadis la possibilité d’en exploiter le pouvoir plutôt que de l’accepter comme nous acceptons que demain le soleil se lèvera et nourrira la nature de ses bienfaits. »


Le regard tourné vers la statue, Hyvaline crut voir une de ses mèches agitée par le vent, un simple mirage dans une salle entièrement fermée face à une statue de pierre inerte.


« Voilà ce que nous sommes, Hyvaline. Nous sommes les Serfs parce que leur voix fut arrachée par la volonté de la domestiquer, ils périrent pour offrir à d’autres les luxes dont rêvent nombre d’hommes, le confort, la beauté et l’éternité. Nous sommes leur souvenir car ce n’est que d’eux que peut provenir la libération. »


L'adolescente continua d'observer la statue, les lèvres brûlantes de questions, et détourna le regard vers celui de chair de la professeur.

Les Serfs



Entrées

Serf - Entrée en 1242

Orn - Entrée en 1243

Dimitri - Entrée en 1244

Ennya - Entrée en 1245

Calliopée - Entrée en 1246

Frumance - Entrée en 1247

Varun - Entrée en 1248

Elvire - Entrée en 1249

Cyrha et Serhan - Entrée en 1250

Le Rat - Entrée en 1252

Hyvaline - Entrée en 1254

Kenneth - Entrée en 1255

Badhbh - Entrée en 1255


Départs

Dimitri - Départ en 1248

Le Rat - Départ en 1254

Serhan - Départ en 1254

Frumance - Départ en 1254

Badhbh

Badhbh

Occupation : Serf de l'Occulte

Ennya Hurlefreux

Ennya Hurlefreux

Occupation : Professeure à l'école de magie de Proncilia

Serf

Serf

Occupation : Architecte

Calliopée

Calliopée

Occupation : Prophétesse de Sang

Hyvaline Chorvier

Hyvaline Chorvier

Occupation : Soutien psychique

Varun Murmil

Varun Murmil

Occupation : Conciliateur

Cyrha

Cyrha

Occupation : Serfs de l'Occulte

Kenneth

Kenneth

Occupation : Explore ses dons

Elvire Inthisane

Elvire Inthisane

Occupation : Ingénieure

Orn

Orn

Occupation : Écrivain

Artefacts en possession

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