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Souffler sur les braises

Souffler sur les braisesTexte de Kyanite
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Texte de Kyanite

TW : Des sujets sensibles (consommation de drogue) ou termes inappropriés peuvent heurter la sensibilité des lecteurs, merci de votre compréhension.


Il se sentait extenué. Durant les vingt premières minutes qui lui parurent une éternité de souffrance et de lutte intestine il avait vociféré, crachant des insultes à l’encontre de ses ennemis, promettant moultes tourments à ceux qui oseraient s’opposer à la Salamandre et au changement, avant de porter une oreille attentive en apparence aux futures actions de ses collaborateurs.


En réalité le félin sentait tous ses muscles se contracter, découvrant de nouveaux organes se renversant en tous sens dans son corps comme si on s’était mis à le secouer en tous sens, rendu muet par les nœuds dans sa gorge il avait retrouvé son timbre de voix doucereux après deux ou trois verres de bourbon mais n’en avait rien laissé paraître.


Surin se méfiait de tous ou presque, il évitait de se laisser aller à toute sensiblerie physique ou émotionnelle, et s’il y avait bien une personne qui l’avait déjà trahi, dont il se méfiait, mais avec qui il devait malgré tout composer c’était bien son corps.


Alors que le dernier homme avait passé la porte il s’était rencogné dans son fauteuil, avait extirpé de ses membres tremblants et avec précipitation sa précieuse fiole située dans le dernier tiroir.

Il avait ensuite bazardé tout ce qui se trouvait devant lui à l’exception de la bougie, il y avait bien assez eu de fumée.


Un instant son regard olive se posa sur les plans, sa vue se troublait à présent. Il n’avait jamais quitté le Sud depuis qu’il y avait mis les pattes et pourtant il se sentait de nouveau comme sur un foutu rafiot dont il ne conservait que de lointains souvenirs, laissés à une époque révolue.


Il grogna, faisant sursauter la bougie quand son poing s’abattit avec hargne sur le bois de chêne, ses idées s’entremêlaient, lui semblaient flous et éparses.


La fiole glissa de ses griffes et roula jusqu’au bord du bureau avant d’entamer une chute vertigineuse, pris d’un réflexe salvateur les griffes du félin s’étaient refermées sur celle-ci avant qu’elle n’atteigne l’échéance.


Est-ce que Surin aurait pris sa dose entre les lattes de ce plancher miteux ? Bien entendu. Le fondement de certaines putes de la Salamandre n’était pas bien différent de ce cloaque dans lequel il avait tenu la réunion et quand il avait besoin de se détendre il goûtait volontiers deux plaisirs à la fois.


Il étala ensuite précautionneusement la poudre blanche sur le bureau, ses griffes tremblaient de plus en plus mais ses mouvements étaient d’une précision chirurgicale, il y’a deux choses pour lesquels Surin se montrait infaillible, préparer une dose de Poudre de Perlimpinpin et manier son arme fétiche, par chance la prise de drogue réunissait les deux d’une certaine manière. 


Une fois son œuvre faite il déposa l’opinel qui lui avait servi à tracer sa ligne et prit une très longue bouffée avant de se laisser retomber dans son siège, les bras posés sur les accoudoirs, son corps avait désormais enfin droit au repos.


Non pas que les effets avaient débutés, non. Selon ses estimations obtenues grâce à des années de prises volontaires ou non, Surin avait constaté qu’il fallait attendre trois minutes en moyenne, mais son corps s’était relâché. Il avait associé le relâchement dans ces moments de manque à cet instant libérateur ou la poudre blanche issue du laboratoire désormais en cendres de la Salamandre faisait son chemin à l’intérieur de son organisme.


Le Laboratoire avait été détruit, les réserves allaient manquer, mais Surin n’en avait plus rien à foutre. Parce que le changement était en marche.


Le noir total.


Il s’était assoupi ? Combien de temps avait-il dormi ? Qu’est-ce que c’était encore que ce bordel ? Qui était le putain d’enfoiré qui lui avait refilé cette…


Attendez. Il le sentait à présent, il percevait distinctement autour de lui sans aucun mal. Non, ils les distinguaient. La Poudre le rendait beaucoup plus lucide qu’il ne l’était en temps normal, ça le rendait infaillible, invincible.


Il ignorait qui était les imprudents qui avaient osés poser leurs culs dans ses fauteuils sans son autorisation, mais il allait les faire payer aussi sûrement que ceux qui avaient brûlés son auberge et volés ses divans plusieurs semaines avant l’incendie.


Ses griffes se posèrent dans un geste assuré mais lent sur le manche le plus épais et d’un geste il ouvrit les yeux, se redressant dans son siège, pointant vers eux la lame de son imposant couteau qui aurait fait rougir John le Boucher.


A moins que ça ne soit le Boulanger ? Qu’est-ce que ça pouvait bien foutre.


Devant lui se tenait une femme au teint chaleureux qui lui rappelait quelque peu Jared, si le balafré avait été une femme splendide aux lèvres pleines et presque aussi mates que son visage, aux yeux noisette perçants, au lieu d’un bout de bidoche rafistolé à qui on avait donné figure humaine.


Il profita de cet instant de flottement pour la détailler plus attentivement alors qu’elle lui avait décoché un sourire qui ne l’avait pas laissé indifférent. Ses cheveux étaient plus rouges que roux, ce qui lui faisait gagner dans l’appréciation personnelle de Surin un nombre de points certains. 


Un instant il repensa à Eléonore et quelque chose s’enflamma en lui. Surin n’avait jamais compris les gens qui se contentaient de consommer du Baiser, quand on pouvait goûter à la Poudre avec.


Elle portait de nombreuses boucles aux oreilles, sa robe rouge tranchait considérablement avec sa peau venue des sables chauds et s’accordait à merveille avec sa chevelure flamboyante. Il aurait fait de ces deux éléments un usage bien différent actuellement, mais quelque chose dans le regard de la femme le mit dans une position inconfortable.


Elle brûlait d’un désir qui dépassait clairement l’ordre du charnel. Mais qu’est-ce qu’elle foutait là déjà ?


Avant qu’il ait eu le temps d’ouvrir la bouche deux formes grâcieuses apparurent à ses côtés, aux allures androgynes, aux chevelures de flammes, dotés de divers piercings et d’oreilles pointues inadaptées aux standards humains. Il avait mis quelques minutes à déterminer qui de ces deux jumeaux était un homme et l’autre une femme. Surin détestait les hommes en dehors des relations de travail, si ce bâtard approchait ses longs doigts fins de lui il les briserait un par un même si ça devait lui coûter sa nuit avec l’envoyée de Fullrulia.


Le félin reporta son regard sur celle qu’il estimait être la chef, l’humaine aux yeux de braises. N’avait-il pas des gardes ?


« Qui êtes-vous et qu’est-ce que vous faites ici ? »


Sa voix avait sonné aussi délicate qu’il l’avait espéré, Richebourg passait tout son temps avec des nobles et pourtant il n’avait jamais acquis un ton aussi hypocrite que celui de Surin. A se demander comment ce tocard avait fini par diriger Proncilia à la mort du gros porc.


La femme entrouvrit les lèvres pour lui répondre et Surin eut l’impression que ça dura une éternité, quelle était cette créature ? Pouvait-elle vraiment être humaine pour faire naître à ce point le désir en lui ? Ou alors était-il simplement complètement défoncé ? Probable.


« - Vous avez l’air très en colère, Surin. »


Elle laissa quelque peu sa phrase en suspens, son sang ne fit qu’un tour et il referma sa prise sur son couteau de boucher. Fullrulia lui avait envoyé ses disciples pour se foutre de sa gueule ?


La flamme de la bougie s’éteignit soudain, et quelque chose passa dans l’air, comme une odeur de soufre, du coin de l’œil l’hybride avait assisté à la scène. Ce n’était pas une coïncidence, et il ne l’avait même pas entendu incanter. Tout juste l’avait-il quitté du regard une seconde.


« - Je suis ici pour vous enseigner comment mettre cette colère à profit. »


Derrière elle les deux esthètes s’avancèrent et déposèrent chacun sur le bureau un gant noir muni de griffes d’acier, des serres de cauchemars qui avaient provoqué bien des troubles à Trigorn mais aussi dans la Capitale.


Il redressa lentement le regard vers la femme, elle n’eut pas besoin d’en dire plus qu’il avait déjà compris, la lame du couteau s’abaissa lentement.


« - Mon nom est Alyria. »


Surin reposa son cul dans le fauteuil, leur offrit un sourire aussi sympathique qu’il le pouvait alors que du sang se mettait à s’écouler de sa truffe sans qu’il ne s’en rendit compte.


« Qu’est-ce que je vous offre ? » 

Talvinar

Talvinar

Aucune faction connue

Alizrabal

Alizrabal

Aucune faction connue

Alyria

Alyria

Les Sept

Surin

Surin

Aucune faction connue

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